Les scientifiques ont noté que dans le monde matériel, les innombrables faits dépendent d’un nombre restreint de lois physiques, qu’ils tâchent d’expliciter par leurs recherches. Mais au-delà, ils pensent que les lois répondent à quelques principes, bien moins nombreux encore. Une fois les principes et les lois identifiés, les scientifiques utilisent parfois l’analogie pour mieux appréhender leurs implications et élaborent ainsi des protocoles d’expériences permettant de confirmer ou d’infirmer une hypothèse.
Dans le domaine de la spiritualité, le Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov a proposé à travers son enseignement des analogies avec des lois du plan physique, pour donner une meilleure compréhension des lois et des principes qui régissent notre vie intérieure. Il considère que la vie intérieure et la vie matérielle sont régies par les mêmes lois et principes transposables d’un monde à l’autre.
Il disait dans une conférence du 2 mai 1943 que, grâce aux différentes branches de la science, d’innombrables phénomènes ont certes été inventoriés dans le plan physique : dans le corps humain par la biologie, la physiologie, la biochimie… ; dans la nature par la géologie, la météorologie, la biologie, la physique, la chimie, etc. Mais tous ces faits restent dispersés tant qu’on ne les relie pas entre eux « grâce à un centre : l’esprit humain ». O. M. Aïvanhov invite à placer comme fin de toutes les sciences objectives, l’humain : en premier lieu dans sa nature spirituelle, puis dans sa dimension psychique, et enfin dans sa dimension physique, décrite et analysée par les sciences objectives. « On a étudié les phénomènes physiques sans voir leurs correspondances, on n’a pas su comment puiser, dans les connaissances acquises, des leçons concernant la vie psychique. » Et, ajoute-t-il, « toutes les maladies viennent de là ». Au contraire, en établissant des rapports, des analogies entre le physique et le psychique, on arrivera à « de bonnes conclusions » et on pourra en tirer parti pour l’harmonie et la santé de tous.
Un autre exemple de l’usage de l’analogie est proposé par Omraam Mikhaël Aïvanhov, qui établit une correspondance entre le fonctionnement d’un pendule de Newton et les conséquences liées à nos choix de comportement vis-à-vis de nous- même ou des autres.
Le pendule de Newton est constitué d’un ensemble de billes d’acier suspendues par des fils à un support de façon à ce que chaque bille soit en contact avec une ou deux voisines (fig. 1).
Une explication du comportement de ce dispositif éclairera les propos de O. M. Aïvanhov quant à l’usage pédagogique qu’il en fait.
Lors du fonctionnement du pendule de Newton, on observe ceci : après avoir donné un peu d’énergie au système en écartant une des billes placée à une extrémité (fig. 2), celle-ci prend de la vitesse et vient frapper sa voisine.
La bille s’immobilise alors au contact de sa voisine et c’est la bille placée à l’extrémité opposée qui est propulsée à son tour. Cette dernière prend de la hauteur pour revenir suivant un schéma symétrique alors que les quatre billes intermédiaires restent totalement immobiles (fig. 3 et 4). Finalement au retour de la bille de gauche, la première bille sera propulsée à son tour de façon symétrique et cette suite d’évènements va se reproduire presque indéfiniment.
Une partie de l’analogie porte sur le fait que la bille initiale subit un choc en retour, ce que O. M. Aïvanhov appelle la loi de l’écho :
Par ailleurs, une autre correspondance intéressante à remarquer est la transmission de l’énergie d’un côté à l’autre de la chaîne de billes. Alors que le mouvement des billes libres montre un état macroscopique de l’énergie (lié à la vitesse des billes), la propagation de l’énergie dans la partie immobile du système reste invisible à nos sens.
Dans la chaîne de billes immobiles, l’énergie se propage sous forme d’une onde de compression à travers la structure métallique des billes de la même façon qu’une déformation locale au sein d’un ressort.
Dans le cas des billes, ce sont les liaisons entre les atomes constituant le métal qui jouent office de ressort.
Réseau métallique
Chaque sphère représente le centre des atomes du réseau métallique
Le choc crée une zone de compression qui se propage à travers le réseau métallique
L’onde mécanique qui se propage dans les billes est donc invisible et l’analogie sur un plan spirituel est qu’une action quelconque crée aussi des ondes, des courants invisibles qui vont avoir une répercussion quelque part.
Ce qui est remarquable, c’est que le pendule de Newton est un système avec des pertes énergétiques négligeables, ou comme les scientifiques le disent, un système conservatif : si on lui apporte un peu d’énergie, celle-ci se conserve et, au sein du dispositif, c’est la forme prise par l’énergie qui se modifie au cours du temps. Ceci a son importance, car c’est un grand principe de la physique de considérer que l’Univers dans son ensemble est conservatif (l’équivalent en chimie a été formulé par Antoine Lavoisier : “rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme”). La conséquence est que dans un système conservatif, une onde peut voyager très loin sans perdre l’information (l’énergie) qui lui a été injectée lors de sa création. La traduction au niveau spirituel est qu’un acte peut avoir des conséquences même très loin de nous !
Bien sûr, dans la pensée d’O. M. Aïvanhov, il serait purement contre-productif d’interpréter l’implication de cette loi comme un outil de culpabilisation. Au contraire, la connaissance des lois nous permet d’agir et de réagir de façon constructive lorsque nous nous manifestons ou lorsqu’il nous arrive des évènements désagréables.
Se basant sur la méthode de l’analogie, Omraam Mikhaël Aïvanhov établit une relation entre le fonctionnement d’un laser et le travail intérieur qu’on peut faire en vue d’amplifier le rayonnement spirituel des pratiquants.
L’analyse du fonctionnement des atomes au sein d’un laser montre que l’analogie proposée repose sur une connaissance exacte des phénomènes physiques.
Il faut donc donner ici quelques explications du fonctionnement de l’atome sur le plan scientifique, car l’analogie portera sur le lien atome/cellule : le parallèle se faisant entre le comportement d’un ensemble d’atomes (un cristal de rubis par exemple) et d’un ensemble de cellules (l’organisme d’un être humain).
On gardera à l’esprit que les citations correspondent à des extraits de conférences improvisées et que les termes employés sont parfois imagés. C’est l’image de l’Être comme étant formé d’un ensemble d’entités au fonctionnement a priori indépendant mais qui s’accordent pour faire fonctionner le tout à l’image d’une société, qui est décrite ici.
L’atome possède plusieurs états d’énergie : un état fondamental dans lequel il se trouve statistiquement le plus souvent, et des états de plus grande énergie (états dits excités – voir schémas ci-dessous).
Lorsque l’atome est excité, par la chaleur, la lumière…, il se désexcite rapidement (émission spontanée) en émettant un photon (ou particule de lumière) dont l’énergie est exactement égale à la différence entre le niveau excité et le niveau dans lequel il se retrouve. C’est le fonctionnement le plus courant des atomes.
Ainsi, un ensemble d’atomes à une température donnée émet en permanence des photons de diverses longueurs d’ondes sans aucun lien commun vis-à-vis des propriétés de la lumière (énergie ; phase ; direction de propagation). Le phénomène est utilisé couramment dans les lampes à filament où la chaleur due au passage du courant électrique excite les atomes métalliques qui émettent, en se désexcitant, une lumière dans toutes les directions et riche en longueurs d’ondes différentes, ce qui permet d’obtenir une couleur blanche – composée de toutes les longueurs d’ondes du visible.
Par analogie, l’être humain fonctionne comme un ensemble d’atomes décrits ci-dessus (voir aussi la citation 1 ci-dessus).
Le fonctionnement du laser (acronyme de Light Amplification by Stimulated Emission of Radiations – Lumière amplifiée par émission stimulée de radiations), lui, est bien particulier, car il émet des photons tous identiques et en phase (les photons émis correspondent à une onde de fréquence identique – même couleur – et se propagent sans décalage les uns par rapport aux autres – lumière cohérente).
Pour ce faire, il faut privilégier deux niveaux particuliers des atomes (pour obtenir des photons de longueur d’onde identique), faire passer plusieurs fois la lumière à travers les atomes suivant une même direction afin de déclencher des émissions stimulées.
L’émission stimulée consiste dans le fait qu’un photon traversant un atome excité et dont l’énergie est strictement égale à l’énergie de désexcitation de l’atome entre deux niveaux, déclenche l’émission d’un deuxième photon identique au premier (même fréquence et même phase).
Pour réaliser le phénomène du laser, il faut donc que les atomes soient en moyenne tous dans le même état excité (pour pouvoir provoquer l’émission de photons identiques par émission stimulée).
Cela est réalisé pour certains atomes que l’on excite dans un état E2 par exemple et dont la désexcitation vers le niveau E1 est plus rapide que la désexcitation de E1 vers E0. En moyenne, les atomes se trouveront en plus grande quantité au niveau E1 (et non dans le niveau fondamental comme dans le cas le plus courant) – l’état obtenu est appelé “inversion de population”. La méthode permettant aux atomes de se trouver dans cet état d’inversion de population s’appelle le pompage optique (les atomes sont tous en moyenne dans l’état E1 et se désexcitent tous vers l’état E0, ce qui provoquera l’émission de photons identiques).
À partir de ce moment, si un photon traverse l’atome avec l’énergie E1 – E0, une émission spontanée se produira à partir du niveau E1 vers le niveau E0.
Un laser est donc constitué de la façon suivante (cas du laser à rubis) :
Les photons émis suivant l’axe du laser créent des émissions spontanées dans les atomes du rubis, et les multiples réflexions sur les miroirs produisent ainsi une amplification énorme du rayon lumineux constitué de photons de même fréquence et en phase, d’où la puissance des faisceaux laser.
Passons maintenant à l’utilisation par analogie de ce phénomène sur le plan spirituel, telle que la propose le Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov.
Tous les pratiquants de méditation reconnaissent les effets d’une harmonisation sur leur état général psychique et physique et cela vient à être reconnu officiellement, car les technologies actuelles (l’IRM par exemple) mettent en évidence ces effets de façon objective en mesurant l’activité cérébrale, le taux d’immunité, le taux de stress, etc. des méditants (voir l’article du journal scientifique “Nature” sur les effets de la méditation https://www.nature.com/articles/s41598-017-07764-x).
Omraam Mikhaël Aïvanhov, dans le style qui lui est propre, fait remarquer que chez tous ceux qui n’ont pas la notion de l’importance de rechercher à être conscients de leurs propres états intérieurs : sentiments, pensées, etc. et de les harmoniser, il s’ensuit que leurs énergies sont dispersées et qu’ils n’ont pas de maîtrise sur ce qui se produit en eux et a fortiori peu de rayonnement bénéfique conscient autour d’eux, ou du moins un rayonnement dispersé (analogue au fonctionnement courant des atomes). Cependant, plus on arrive à s’harmoniser et plus le pouvoir sur soi-même augmente, ainsi que le rayonnement vers l’extérieur.
L’analogie avec le phénomène du laser, c’est qu’au moment où l’être humain arrive à unifier en lui les pensées, les sentiments, les différents courants qui le traversent, l’état dans lequel il se trouve alors correspond dans les traditions spirituelles à l’état d’éveil, associé à un grand rayonnement spirituel. Tout vibre “sur une même longueur d’onde,” comme dans un laser.
Omraam Mikhaël Aïvanhov explique que ces connaissances existaient dans les différentes traditions avant la découverte scientifique du laser. Dans la tradition hindoue par exemple :
On peut même remarquer que la disposition de la colonne vertébrale et des canaux Idâ et Pingalâ correspond au caducée d’Hermès de la tradition grecque, et aussi à la disposition du cristal de rubis et de la lampe flash qui l’entoure.
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En prolongeant l’analogie, le Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov propose aussi un exercice collectif où les participants ont un rôle analogue aux atomes d’un laser. Le phénomène laser se produit alors si tous se concentrent en même temps sur une même image lumineuse, en vue de rayonner des forces positives pour le bien de l’humanité tout entière.