La terre représente la solidité, la fermeté, la stabilité. Son domaine est la concrétisation et la réalisation dans la matière, elle a pour vocation de favoriser la croissance des graines, graines végétales ou graines symboliquement assimilées à nos idées, à nos pensées, à nos sentiments, à nos désirs. Une fois qu’elles ont été semées, la terre les nourrit, et l’eau, l’air, la lumière du soleil contribuent aussi à leur développement.
Si un jardinier possède différentes graines qu’il veut semer, il pourra dire sans se tromper : ici il y aura des salades, là des carottes. Et cela se vérifie parce qu’il s’agit d’un savoir fondé sur l’étude et l’expérience. Or, dans nos croyances, nous nous attendons à récolter alors que nous n’avons rien semé, ou semé des graines de radis en pensant que nous allions voir pousser du blé. Il ne faut pas nous faire d’illusions : on ne récolte que ce que l’on a semé. Si nous rencontrons des échecs au lieu des succès que nous attendions, c’est qu’antérieurement nous n’avons pas su semer les bonnes graines dans notre terre intérieure. Cela se vérifie dans tous les domaines, même dans celui de la vie spirituelle. Et si nous semons en même temps de bonnes et de mauvaises semences, les deux pousseront ensemble, car la terre alimente toutes les graines.
Les échanges sont la base de la vie : échanges avec la nourriture, l’eau, l’air, le soleil, les êtres humains, avec toutes les créatures de l’univers. Les échanges, c’est manger et boire dans tous les domaines, c’est introduire dans notre organisme, dans notre intellect et notre cœur, des matériaux qui entreront dans la construction de notre corps physique et de nos corps subtils. La nourriture par elle-même est importante, mais l’essentiel est la façon de manger, de boire, de respirer, de penser, d’aimer, de méditer ; dans quel état sommes-nous ? L’état de paix et de calme est la condition pour bénéficier des particules subtiles préparées dans les laboratoires de la nature.
Chacun est obligé de manger chaque jour, il est donc possible de commencer par apprendre à communier pendant les repas, en ayant davantage de considération pour la nourriture. Qu’est-ce que communier ? C’est faire un échange : nous recevons une chose et nous en donnons une autre. Si en échange de ce que nous donne la nourriture, nous lui donnons notre attention, notre amour, notre considération, elle se transformera en énergies physiques, mais aussi en énergies psychiques et spirituelles, car nous entrons en relation avec la nature elle-même, qui est le corps de Dieu. Si nous prenons conscience que Dieu a mis sa vie dans la nourriture, les cellules de notre corps recevront à travers nous la véritable communion, c’est-à-dire un élément spirituel qui les aidera dans leur travail pour le bien de tout l’organisme.
N’oublions pas que dans l’univers il n’existe pas d’énergie sans matière ni de matière sans énergie. La matière est le support, et l’énergie le principe vivant qui l’anime. Le corps physique, qui est une matière, possède une énergie, et cette énergie est le souffle vital. La matière est le principe féminin, le contenant, c’est elle qui fixe le principe divin, le contenu, cette essence tellement subtile qui se perdrait dans l’infini si elle était pas retenue. Nous avons parlé de ces deux principes, masculin et féminin, dans les pages consacrées aux éléments du Feu et de l’Eau.
La graine contient l’image de l’arbre qu’elle produira lorsqu’elle sera mise en terre, elle finira par donner cette créature immense avec des racines, un tronc, des branches, des feuilles, des fleurs et des fruits. La “graine” que l’homme donne à la femme et qu’elle va nourrir de son sang, possède elle aussi un schéma, une empreinte originelle d’après laquelle les forces se déterminent et s’orientent. Et de la même façon que la graine est prédestinée à devenir comme son père, l’arbre, c’est la vocation de l’être humain de tendre vers la perfection de son Père céleste : cette perfection est inscrite dans sa structure.
Ainsi, la terre peut être une “vallée de larmes et de souffrances”, réalité pour tous les êtres humains qui vivent dans les limitations de leur nature inférieure, pour assouvir leurs convoitises et satisfaire leurs ambitions. Mais puisque la terre sur laquelle nous marchons est analogue à notre corps physique, c’est qu’au-delà de son corps physique, la terre possède aussi des corps subtils avec lesquels nous pouvons entrer en relation. Oui, car dans la mesure où il y a analogie, il y a relation. Au fur et à mesure que nous nous élevons pour atteindre les régions supérieures de notre être, nous nous élevons aussi dans ces régions supérieures de la terre que l’on appelle la Terre des vivants.
Le soleil, la conscience lumineuse et divine du soleil, est “la Terre des vivants”, tous les êtres exceptionnels, les Immortels, les Fils de la Lumière vivent déjà sur cette Terre où nous habiterons un jour.
Il est dans les propriétés de la terre de favoriser la croissance des graines. Aucune de nos pensées, aucun de nos sentiments et de nos désirs ne reste sans conséquence, ces “graines” germeront dans notre jardin intérieur. Lorsque nous avons à éliminer des états obscurs, désharmonieux qui nous perturbent, prononçons intérieurement ou à voix haute, des mots comme “joie”, “lumière”, “paix”, “amour”, espérance”… Si nous nous pénétrons bien de leur sens en les enfouissant dans les profondeurs de notre âme, si nous veillons sur eux longtemps, nous vivrons bientôt parmi des champs fertiles et des jardins fleuris.
L’univers dans lequel nous vivons ne nous est pas fermé, nous faisons avec lui des échanges de toutes sortes. Mais alors, pourquoi les humains se sentent-ils souvent comme des étrangers sur la terre ? La terre nous porte, elle nous nourrit, mais que faisons-nous pour attirer son amitié, pour être connus d’elle ? Lorsque nous allons marcher dans la nature, nous pouvons nous arrêter un instant, nous asseoir et poser notre main sur elle, caresser l’herbe ou un rocher, en lui disant : Terre, ma mère, combien j’apprécie ta générosité, ta beauté, ta solidité ! Par mon respect et mon amour, je veux te rendre un peu de tout ce que tu me donnes.
La terre a cette capacité de transformer les déchets qu’elle reçoit des règnes végétal, animal et humain, pour donner des arbres et des fleurs magnifiques. Alors, pourquoi ne pas prendre exemple sur elle quand nous nous sentons troublé, irrité ? Nous pouvons lui demander de nous aider à réaliser ce travail de transformation en nous. Dans la nature, assis ou allongé par terre, creusons un petit trou pour y mettre un doigt et adressons-lui notre prière : Terre, ma mère, j’ai une demande à te faire : puisque tu as le pouvoir de transformer les matières les plus grossières, accepte de prendre toutes mes impuretés, de travailler sur elles, et de me les rendre comme une matière transparente. Merci.
La culture et la civilisation ne sont rien d’autre qu’un travail sur la matière. Comment devons-nous comprendre ce mot “matière” ? Tout ce qui fait notre vie quotidienne, nos activités, nos rencontres, sont une sorte de matière qui nous est donnée pour que nous la transformions par la puissance de l’esprit. Cela suppose donc aussi un travail sur nous-même, car nous sommes nous aussi une matière : nos pensées, nos sentiments, nos désirs, nos états de conscience sont une matière que nous devons transformer, rendre plus pure et plus riche. Ce que nous réaliserons ensuite à l’extérieur sera marqué du sceau de l’esprit, de sa lumière, de son amour, de sa puissance.
Toutes ces pensées et ces idées sont inspirées de l’Enseignement du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov.