La quête chevaleresque

Dans toutes les traditions populaires, dans les contes, les mythologies, on trouve des images, des personnages dont le symbolisme est à peu près identique d’une culture à l’autre. D’innombrables contes parlent d’un dragon qui a capturé une belle princesse innocente et pure, qu’il garde prisonnière dans un château. La pauvre princesse pleure, languit et supplie le Ciel de lui envoyer un sauveur. Les uns après les autres, des chevaliers se présentent pour la délivrer, mais ils sont dévorés par le dragon ; il s’empare de leurs richesses et les entasse dans les souterrains du château.
Enfin, un jour, arrive un chevalier, un prince plus beau, plus noble et plus pur que les autres, auquel une magicienne a révélé le secret pour vaincre le dragon… Et voilà que ce prince privilégié, bien armé et bien instruit, remporte la victoire : il arrive à libérer la princesse, et quels doux baisers ils se donnent ! …
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Coll. Izvor n° 205, chap. I

Toute existence est une marche, un voyage, une recherche.

 

Le chevalier des temps jadis se propose un but exaltant, un idéal au service de son suzerain : il veut pourchasser les brigands, secourir les faibles… Libérer une princesse captive pour la rendre à son fiancé… Trouver le château du saint Graal et s’agenouiller, en état de ravissement…

 

Il prépare ses armes, prend un viatique et part, sous le regard de celle qu’il aime de loin, aimera toujours de loin.

 

Il traverse les forêts, se désaltère aux torrents, passe par des lieux fabuleux, dangereux, livre des combats. Menacé par des méchants et des monstres, souvent blessé, secouru par des amis inconnus, il remporte des victoires.

 

Obéissant à sa voix intérieure, enflammé d’un grand amour, il conquiert les vertus qui lui donnent un bouclier de couleurs et une lance de lumière.

 

Enfin, après des années, si la pureté s’est installée dans son cœur, les portes s’ouvrent et il est admis dans le château merveilleux…

L'appel de l'idéal

Ce jeune prince est un être qui a trouvé un jour le sens de la vie en écoutant l’appel du plus haut idéal.

On a toujours vu à travers l’histoire un petit nombre d’êtres prêts à suivre ceux qui les entraînaient sur de nouveaux chemins, alors que la plupart des autres stagnaient. Il y a toujours eu des précurseurs, des audacieux, et c’est ainsi que l’humanité progresse : grâce à ces audacieux.
O.C., tome XX (éd 1984), 14 janvier

 

Servir une idée, être utile au monde a été pour lui un but exaltant.

 

Tout dépend pour l’homme de ce sur quoi il s’est concentré, quel est son but, son idéal, ce qu’il veut obtenir, où il veut arriver. Tout est là. Car déjà cet idéal agit sur lui et produit des effets : il creuse, nettoie, ordonne, harmonise. Tout dans la vie s’arrange, se façonne, se modèle, prend forme d’après son idéal.
Que cet idéal soit impossible, irréalisable, inaccessible, ce n’est pas ce qui doit le préoccuper. Il doit se préoccuper seulement de le rendre parfait, sublime, divin.
O.C., tome V « Les puissances de la vie », chap. XI

 

Le chevalier s’est dit : Je vais maintenant orienter ma vie dans une nouvelle direction, je vais l’embellir, la faire fructifier, la consacrer, la sanctifier. Et il a senti que tout commençait à changer : ses courants d’énergies, la perception qu’il avait de lui-même, d’autrui, de la nature… Il a pressenti que tout ce qui allait lui arriver serait d’une nature prodigieuse, pleine de significations, éclairante.

 

L’essentiel, c’est la direction dans laquelle vous vous orientez, pour qui vous travaillez, dans quel but, pour quelle idée vous vivez : tout est là. Ceux qui ont compris, qui veulent vivre cette vie divine, qui n’ont jamais peur, qui ont la patience et continuent à marcher malgré les coups et les opprobres, ceux-là auront un jour la force, la puissance et la lumière.
O.C., tome V, chap. I
Servir

Le jeune chevalier connaît maintenant Celui qu’il veut servir, il lui a promis loyauté et fidélité. Pour lui il livrera combat et se surpassera.

Entre toutes les causes que l’on peut servir sur la terre, il a choisi celle qui engage à être plutôt qu’à avoir, à protéger plutôt qu’à régenter : voilà ce qui mobilisera toutes ses forces.

 

Qu’est-ce qu’un idéal ? Un idéal est un être vivant, puissant, réel, qui possède tous les moyens de nous apporter ce qui nous manque. Mais pour cela, il faut que nous l’aimions, que nous pensions à lui, le nourrissions et que, malgré son immensité et la distance qui nous sépare de lui, nous le bercions dans notre cœur et dans notre âme. Voilà la plus grande sagesse et la plus grande vérité !
Il faut se dépasser, se surpasser, tout surmonter et former cet idéal en sachant que c’est un être qui vit déjà dans le monde divin, et puisqu’il y a des liens entre lui et nous, il se chargera de nous faire sortir de toutes les complications, de tous les malheurs, de toutes les misères.
…La plus grande sagesse, le plus grand mystère, le plus grand secret magique, c’est de savoir d’avance que vous ne réaliserez jamais cet idéal, mais qu’en pensant à lui, en l’aimant, vous le réalisez déjà d’une autre façon, car vous devenez de plus en plus clair, lumineux et pur.
O.C., tome V « Les puissances de la vie », chap. XI

 

Il sent que la terre est un espace où s’affrontent des forces inconnues, des milices invisibles : esprits lumineux, esprits ténébreux…

Une nuit, comme j’étais couché, il m’arriva quelque chose que je n’ai jamais pu oublier : deux personnages me sont soudain apparus. Je ne dormais pas, mais je n’étais pas non plus tellement éveillé. C’est dans ce demi-sommeil que je les vis se présenter à moi. L’un avait une stature impressionnante, il respirait la force, la puissance, mais son visage était dur, son regard sombre, terrible. L’autre au contraire incarnait la beauté, la douceur, il rayonnait et son regard exprimait l’immensité de l’amour divin… J’ai eu la certitude immédiate que j’avais un choix à faire entre ces deux êtres. J’étais impressionné par la puissance du premier, mais dans mon cœur, dans mon âme, j’étais effrayé par ce que je sentais de terrible en lui. Alors je me suis laissé attirer par celui qui avait le visage de la bonté, du sacrifice, le visage du Christ. Puis je me suis endormi.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Éléments d’autobiographie 1, chap. IV

Il est appelé à discerner et à choisir son camp.

 

Car si vous n’êtes pas occupé par Dieu, soyez sûr que d’autres vous occuperont, et vous serez alors au service de toutes les volontés les plus abracadabrantes, les plus intéressées et les plus anarchiques.

O.C., tome VII, part. II, chap. 5

 

Il a compris que s’il s’engage au service de la liberté, il est libre.

 

Il faut être occupé, engagé, pris… mais par le Ciel, par les anges, les archanges. C’est cette soumission au Ciel qui vous permet d’être absolument libre, car les entités divines ne peuvent pas vous limiter : au contraire, comme elles sont riches, intelligentes, belles, lumineuses, elles vous apportent leurs trésors.
Il est avantageux d’être engagé, occupé par le Ciel, par le Seigneur, sinon on reste libre pour toutes les folies. C’est pourquoi chaque jour il faut redire : « Seigneur Dieu, prends-moi à ton service, je suis à ta disposition, dirige-moi, travaille à travers moi pour réaliser tes projets et tes plans.» … Avec le temps, vous ne trouverez même plus les mots pour exprimer combien vous vous sentez protégé, éclairé et libre.
O.C., tome XXI (éd. 1984), 11 juin
Intuition
Le voyage entrepris il y a bien longtemps ne se terminera pas avec cette vie actuelle. Cette vie n’est qu’une étape sur le chemin que tous les êtres ont à parcourir depuis qu’ils sont sortis du sein de l’Éternel. Et combien de régions différentes ils devront traverser jusqu’à ce qu’ils retournent un jour dans leur patrie céleste !
Dictionnaire du livre de la nature, article « Voyage »

 

Je sens depuis toujours, se dit le jeune homme, que je suis un voyageur sur la terre. Je ne l’oublierai pas, je maintiendrai constamment cette idée dans mon esprit, et je ne m’arrêterai jamais nulle part pour y pousser des racines.

 

Quoi de plus ? Continuez, marchez sur le chemin de la lumière… Qu’y aura-t-il au bout de ce chemin ? Vous le découvrirez en arrivant et vous serez éblouis.
Izvor n° 244 « Marchez tant que vous avez la lumière », chap. XV
Préparatifs

Une fois son but fixé clairement, il reste au chevalier à faire tous les apprêts nécessaires pour la route.

Et tout d’abord il entraîne et prépare son cheval, qui sera son compagnon de tous les instants.

 

Symboliquement, le cavalier représente l’esprit humain, et le cheval, le corps physique. Chacun de nous est donc tout à la fois le cheval et le cavalier. Comme le cavalier doit s’occuper de son cheval, chaque être humain doit s’occuper de son corps. Connaître l’état de son cheval, savoir si les troubles ou les faiblesses proviennent de lui ou du cavalier, cela exige beaucoup de discernement.
Pensées Quotidiennes 2005, 21 décembre

 

L’être humain est fait de deux natures, inférieure et supérieure. Il ne peut pas se débarrasser de sa nature inférieure, mais il doit apprendre à la maîtriser pour la mettre au travail. On voit que le corps du cheval est en mouvement, il court ; mais cette course n’est pas sans raison, elle a un sens, elle est au service d’une action réfléchie…
Izvor n° 220, Le zodiaque, clé de l’homme et de l’univers, chap. VIII

 

Le jeune homme vérifie la solidité de ses armes, l’épée, le bouclier… Enfin, le matin du départ, il remplit son sac de pain et de vivres.

Comme celui qui part pour une longue marche met des provisions dans son sac afin de se restaurer en chemin, nous avons besoin, pour marcher fermement sur les chemins de la vie, de transporter de la nourriture, disons symboliquement du pain. Ce pain, ce sont les vérités de la science spirituelle.
Le voyage que nous avons entrepris il y a bien longtemps ne se terminera pas avec notre existence actuelle ; car cette existence est seulement une étape sur la route que parcourent tous les êtres depuis qu’ils sont sortis du sein de l’Éternel. Combien de régions différentes nous aurons à traverser jusqu’à ce que nous retournions un jour dans notre véritable patrie ! Nous sommes des voyageurs sur la terre, il ne faut jamais l’oublier, et nous avons encore beaucoup à marcher. C’est pourquoi nous devons penser à remplir chaque jour nos sacs de ce pain céleste que sont les vérités de l’âme et de l’esprit, pour pouvoir continuer à étudier, à travailler, à aimer.
Pensées Quotidiennes 2014, 1er janvier
Regard

Au moment de partir, il sent, il voit qu’un regard féminin est posé sur lui.

Est-ce le regard de la reine inaccessible qu’il a aimée dès leur première rencontre ?

Est-ce le regard d’une Femme divine qui serait à la fois comme une mère, une épouse, une sœur ?

Le regard est le langage de Dieu. Dieu et les anges parlent par le regard.
Dans le Ciel, personne n’a le temps de s’arrêter pour vous parler : les anges parcourent l’espace à une vitesse vertigineuse, supérieure à celle de la lumière, mais au passage ils vous envoient un regard dont vous vous souvenez pour l’éternité et par lequel vous êtes guéri, illuminé, sauvé.
Rien au monde ne peut se comparer à un tel regard. C’est le véritable langage du Ciel.
Izvor n° 226 « Le livre de la magie divine », chap. XIII

 

Les esprits lumineux du monde invisible ne cessent de faire des échanges d’amour : ils se rencontrent dans l’espace, se saluent, se pénètrent de leurs rayons et continuent leur route.

Voda, tome 20 (2008), 29 mars

Il contemple cette Femme depuis le domaine du temps où il vit sur terre. Elle le regarde depuis son royaume d’éternité et ce regard sera pour lui une sauvegarde dans tous les dangers.

Seul l’amour qui n’attend rien et ne varie pas est le véritable amour. Celui qui aime ainsi est puissant et libre, il ne dépend pas des conditions, il peut diriger sa destinée, il se trouve situé au-dessus de tout et de tous, et le mal ne peut l’atteindre.
OC, tome II L’alchimie spirituelle chap. III
Paysages

Le jeune chevalier s’est mis en route. Il traverse des paysages d’une variété infinie et s’émerveille de cette fraîcheur, de cette beauté.

Saluez toute la nature, le ciel, le soleil, les arbres, les lacs, les étoiles… Quand vous passez près d’un lac, d’une montagne, d’une forêt, saluez-les, parlez-leur, vous sentirez intérieurement quelque chose qui s’équilibre, qui s’harmonise. Le jour où vous saurez entretenir des liens vivants avec toute la nature, vous sentirez la vraie vie entrer en vous.
Izvor n° 227, p. 71

 

Il sent que, peu à peu, s’infuse en lui un mystérieux savoir sur la vraie vie.

La nature est le grand livre que nous devons étudier. Au fur et à mesure que nous changeons notre opinion sur la nature, nous modifions notre destinée. Si nous pensons que la nature est morte, nous diminuons la vie en nous ; si nous pensons qu’elle est vivante, tout ce qu’elle contient, pierres, plantes, animaux, étoiles… vivifie notre être.
Pensées Quotidiennes 2001, 21 décembre

 

Bientôt cependant des passages contrastés, des hauts et des bas, des montées, des descentes l’obligent à faire effort sur lui-même.

Montagnes et vallées ont leurs correspondances dans la vie intérieure.
Les vallées, où coulent fleuves et rivières, représentent la fertilité, l’abondance, la générosité, la bonté. C’est dans les vallées, non sur les sommets, qu’il y a des forêts, des jardins, des fruits, des fleurs, des villes peuplées d’êtres humains.
Sur les hauts sommets on trouve le roc, la glace, la stérilité. Vous vous sentez solitaire ? Eh bien, ne restez pas sur le sommet où votre intellect vous a entraîné : descendez dans la vallée où règne l’abondance, où le cœur se manifeste, où coulent les eaux de l’amour. Le savoir que vous avez acquis sur les sommets doit fondre pour former des ruisseaux, des rivières, et fertiliser les vallées.
Il y a un temps pour monter et un temps pour descendre, un temps pour vous élever sur la montagne par l’intellect, et un temps pour descendre dans la vallée par le cœur.
Pensées Quotidiennes 2005, 10 août
Obstacles

Ainsi peu à peu le jeune homme apprend que tout ce qui lui advient de l’extérieur et lui demande un effort, a une signification.

Beaucoup pensent qu’ayant choisi l’idéal le plus sublime, ils pourront le réaliser sans rencontrer d’obstacles. Non, c’est impossible : avant d’arriver au but, il faut toujours passer par un chemin semé d’embûches. Quand vous voulez aller vers le ciel, c’est d’abord l’enfer qui vous assaille, car on ne peut pas réaliser d’un seul coup une idée lumineuse, divine, sans rencontrer des obstacles, lutter, souffrir.
Œuvres Complètes, tome XX (éd. 1984), 5 novembre

 

Il a toujours été courageux, il a toujours lancé joyeusement ses forces dans le combat sans jamais envisager de capituler devant l’adversaire, mais…

La vie spirituelle est comme l’ascension d’une haute montagne et sur ces sentiers ardus, escarpés, il est impossible de ne pas passer par des moments de faiblesse, de découragement ou même de chute. Ce n’est pourtant pas une raison pour s’arrêter : continuez à marcher !
Izvor n° 244 « Marchez tant que vous avez la lumière », chap. XIV

 

Bientôt il découvre que tous les obstacles extérieurs rencontrés, croyait-il, par hasard, sont des messagers intelligents. Ils sont porteurs de sens pour sa vie intérieure. Chacun concerne de très près son tempérament, son caractère, sa façon de penser, de sentir, d’agir.

Vous réclamez que votre existence soit lisse, agréable, sans troubles ni malheurs ? Pourquoi ne demandez-vous pas plutôt quel est le sens profond de tous ces obstacles qui existent dans la nature et dans la vie ?
Lorsque vous voulez monter sur une haute montagne pour respirer l’air pur ou admirer de merveilleux paysages, si le chemin était lisse, vous ne pourriez pas grimper, vous glisseriez jusqu’au fond des abîmes. Puisque vous grimpez sur les pentes des montagnes spirituelles, aimez les aspérités auxquelles vous devez vous accrocher pour monter vers la lumière !
O.C., tome XIX (éd. 1984), 26 octobre
Les quatre épreuves

Au fil des mois et des années, le chevalier a traversé des régions très différentes les unes des autres, il a rencontré beaucoup d’êtres, acquis de nombreuses expériences. Il a vu par quelles souffrances passent les créatures sur leur chemin parfois privé de lumière, il a consacré ses forces à les aider.

Lui-même n’est pas exempt de commettre des erreurs, des imprudences, des fautes, il en subit les conséquences. Mais même lorsqu’il en souffre, une haute partie de lui-même se réjouit, car il comprend comment fonctionnent les sublimes lois. Il sent que ce savoir sur le monde est un savoir sur lui-même, comme lui-même est un reflet du monde.

Les quatre états de la matière sont des symboles : l’état solide représente les actes ; l’état liquide, les sentiments ; l’état gazeux, les pensées ; l’état igné, éthérique, ce qui est au-dessus des pensées : l’âme et l’esprit. Et à chacun de ces états, liés aux quatre éléments, correspond une épreuve particulière : pour l’état solide, les tremblements de terre ; pour l’état liquide, les pluies, les inondations ; pour l’état gazeux, les ouragans et les tempêtes ; pour l’état igné, le feu, les incendies.
Évidemment, ces évènements doivent être compris de façon symbolique. Lorsqu’on subit des secousses dans le plan physique ou des difficultés matérielles, c’est l’épreuve de la terre. Lorsque les passions tourmentent votre cœur, vous passez l’épreuve de l’eau. Lorsque votre intellect est assailli par des doutes, vous passez l’épreuve de l’air. Lorsque vous perdez le contact avec le Ciel et ne sentez plus l’amour de Dieu, vous subissez l’épreuve du feu.
C’est le monde invisible qui envoie ces épreuves pour mesurer jusqu’à quel point vous êtes solide.
O.C., t. III, chap. 3 et O.C., t. XXI (éd. 1984), 4 juillet

 

Ainsi le chevalier donne journellement des preuves de persévérance, de fidélité, de stabilité.

En tant qu’entité consciente, l’être humain est placé à la frontière du monde inférieur et du monde supérieur. S’il n’est pas vigilant, les forces obscures l’attirent à elles pour le broyer, le dévorer, et une fois dévoré il est rejeté, il ne reste de lui que des miettes. Au contraire, s’il se laisse attirer, absorber par les forces du monde supérieur, tout s’éclaire et il devient un foyer de courants lumineux, puissants, bénéfiques.
Œuvres Complètes, t. 19 « Zémia », 19 septembre
Le ciel s'entrouvre

Son regard est devenu plus simple, plus pur. Il commence à sentir, à comprendre, à voir. Ses véritables racines sont dans le monde céleste. Il implore les courants venus du monde divin de baigner son âme entière, de pénétrer dans tout son corps. Il commence à deviner auprès de lui la présence de créatures subtiles, merveilleuses.

Ces créatures sont comme pétries de lumière, il émane d’elles des parfums délicieux, tout leur être chante et propage une symphonie indescriptible.
Izvor n° 228, chap. X « L’œil spirituel »

 

Et sans même qu’il le sache, elles tracent en dansant une sphère lumineuse autour de lui, remplie de couleurs irisées, dont l’intensité le protège et dont l’éclat le vivifie.

Elles savent qu’il aura besoin d’y trouver refuge.

Face aux monstres

Jeune homme, il était parti persuadé de sa valeur, imbu de ses forces, désireux de les dépenser en combattant le mal, en exterminant des monstres. Ces fauves dangereux, il croyait les trouver à l’extérieur : il se voyait parcourant la terre pour les débusquer dans les forêts inextricables, les cavernes, les déserts, les marécages, les volcans…

Mais dans son âge mûr il comprend maintenant que, certes, les ennemis ténébreux sont très souvent à l’extérieur, mais qu’ils ont toujours leur trace, leur image à l’intérieur même de l’âme humaine.

L’être humain est une synthèse de tout ce qui existe dans l’univers. Les animaux se trouvent aussi en lui : ils se trouvent dans son subconscient sous la forme d’instincts, d’impulsions, de tendances. Notre vie instinctive et passionnelle représente une foule d’animaux que nous avons la responsabilité d’apprivoiser et de mettre au travail…
Certains de nos états intérieurs ont la forme de tigres, de sangliers, de crocodiles, de léopards, de cobras, de scorpions, de pieuvres, tandis que d’autres ont la forme d’oiseaux pleins de douceur, de gentillesse. Toute une faune grouille au-dedans de nous. Les animaux préhistoriques comme les dinosaures, les ichthyosaures, les ptérodactyles, les diplodocus et les mammouths n’ont pas disparu : ils sont encore en nous.
Izvor n° 221 « Le travail alchimique ou la quête de la perfection », chap. IV

 

 

Sa méditation l’amène plus profond. Il comprend que le véritable combat à livrer ne se situe pas là où il croyait : ce n’est plus « massacrer, supprimer, exterminer, extirper, anéantir… » non, il a entendu cette voix de sagesse qui lui dit : « apprivoiser et mettre au travail ».

Donc, quelle riposte, quelle réplique …ou plutôt quelle réponse intelligente, puissante et bonne va-t-il apporter à la présence intérieure de ces animaux ? Et tout d’abord, quelles armes employer ?

Le bouclier que porte le chevalier dans les contes, ce n’est rien d’autre symboliquement que l’aura. Et son épée ? Ce sont les projections de lumière qui sortent de lui. Vous voyez, ce sont les symboles des deux principes : l’aura, cette enceinte qui l’entoure, représente le principe féminin ; et la pensée que l’homme projette, son esprit qui s’élance dans l’espace, représente le principe masculin, actif, dynamique. Ces deux symboles du bouclier et de l’épée, qui remontent à la plus haute antiquité, représentent les deux principes, l’un passif, protecteur, l’autre actif, la pensée qui vole comme une flèche. L’épée, la flèche, la lance représentent toujours le principe masculin, actif… Et il n’existe pas de protection plus efficace qu’une aura pure et lumineuse.
Brochure « L’aura » (1973), conférence du 22 mai 1960
Les douze victoires

Comme Héraklès, le héros antique qui avait accompli douze « travaux » en relation avec les signes du zodiaque, le chevalier livre douze grands combats. Le héros grec était soumis à la vindicte d’une déesse et aux ordres d’un roi poltron, mais notre chevalier, lui, est libre et n’obéit qu’à lui-même – ou plutôt à une voix intérieure qui le guide, douce, irrésistible, exigeante. Elle l’amène au fil des ans à remporter douze victoires, qui sont des victoires sur lui-même.

 

Dans ses régions intérieures de feu, Bélier, Lion, Sagittaire, il triomphe de l’impulsivité brutale, de la vanité ostentatoire, de l’orgueilleuse indépendance : il apprend le patient don de soi, la vraie générosité, la défense des nobles causes.

Dans ses régions de terre, refusant les attachements possessifs, la sécheresse de cœur, la dureté orgueilleuse, en Taureau il apprend le désintéressement, en Vierge la tendre attention aux autres, en Capricorne l’aspiration à s’élever vers les cimes spirituelles.

Dans les régions de l’air, Gémeaux, Balance, Verseau, il renonce aux faux-fuyants, à l’indécision, au désir de se singulariser ; il apprend à se donner entièrement, à servir l’harmonie, à s’effacer pour l’entente universelle.

Dans ses régions intérieures d’eau, s’étant défait des impressions subjectives, des passions désordonnées, des émotions indistinctes, en Cancer il apprend la sensibilité claire et pure, en Scorpion l’audace de mourir pour entrer dans la vie sublime, en Poissons l’oubli de soi pour se fondre dans le tout.

 

Chaque sacrifice pour la défense et la manifestation de ce qui est beau et bon afin que tous les êtres sur la terre puissent en bénéficier remplit votre cœur et votre âme d’or : c’est comme si le soleil vous marquait de son sceau.
 Izvor n° 243, « Le rire du sage », chap. X
Parachèvement
De celui qui sait souffrir, émane un parfum de fleurs.
O.C., tome 21 (2006), 29 juin

 

Dans ces nombreux combats il a reçu des blessures, son corps en porte les marques, mais son âme est rajeunie et purifiée. Une lumière entoure et accompagne sa marche, une lumière qui sait tout, voit tout.

Il aspire de tout son être à trouver l’enceinte sacrée : il imagine là-bas, au loin, le miroitement de la sainte Coupe, source de vie éternelle…

Et soudain au sortir de la forêt, le voici devant un château, et aussitôt il sait qu’il est arrivé. C’est là l’édifice dont il a tant rêvé, plus grandiose et plus beau encore et… comment dire, plus proche de lui que lui-même.

À son approche, la grand’porte s’ouvre : il est reçu par de très nobles amis qui l’attendaient. Entonnant un chœur solennel, ils le mènent dans la salle d’honneur et là, ils lui attribuent un siège parmi eux autour de la table ronde.

Au centre de cette table, dans un instant apparaîtra et reposera le saint Graal, dans une gloire d’or.

 

Le cœur de l’univers, on ne peut le toucher qu’avec son propre cœur. Quand votre cœur, le plexus solaire, commencera à sentir, à aimer, à vivre avec une grande intensité, alors vous allez toucher, remuer le cœur universel, le cœur de Dieu, et de ce cœur viendront jusqu’à vous des énergies, des forces, des courants qui vous vivifieront, vous éclaireront. Oui, quand vous arriverez à projeter une immense énergie d’amour, par les lois de l’affinité et de l’écho l’autre Cœur vous répondra.
Quand ce que vous demandez, ce que vous souhaitez, ce que vous désirez ne concerne pas seulement votre intérêt personnel, mais le bien de l’humanité et de l’univers tout entier, à ce moment-là votre désir vibre à la même longueur d’onde que le cœur de l’univers.
Et comme le cœur de l’univers est la source de la vie, la source du bonheur, la source de la beauté, de la poésie, de la musique, la source de tout ce qui est splendide et divin, alors vous recevez cette vie, ce bonheur, cette splendeur, vous goûtez la plénitude.
Izvor n° 219, chap. III
Épilogue
Que Dieu nous envoie ses anges pour nous instruire, nous enseigner comment marcher sur ce chemin lumineux de l’enseignement nouveau !
Entre le point de départ et le point d’arrivée, sachez que vous serez piqués, outragés ou insultés et que vous souffrirez ; mais le point de départ comme le point d’arrivée, c’est Dieu. Le point de départ c’est le Ciel, le point d’arrivée c’est la vie éternelle.
Évidemment vous pourrez dire : « Je n’ai pas d’argent, je n’ai pas mangé depuis plusieurs jours, et là où je dois passer, il faut que je traverse monts et vallées, que je rencontre des serpents et des sangliers. » Qu’importe ! Il y a un temple qui brille dans le lointain et des Initiés qui chantent dans ce temple.
On chemine vers lui monté sur un cheval, comme Parsifal. Le chevalier n’est pas encore en vue de ce temple lumineux ni des Initiés qui chantent, mais il doit avancer.
Tous vous êtes de futurs chevaliers. Vous traverserez des épreuves, mais à la fin les Initiés vous accueilleront, laveront vos blessures, vous soigneront. Ne pensez pas aux grands précipices que vous côtoyez, aux nuits que vous devrez passer à la belle étoile ou en état de veille, aux insectes qui viendront vous grignoter dans les ténèbres. Courage ! la lumière viendra, vous verrez ce temple qui brille et qui est pour vous tous l’avenir.
Et quand vous serez dans cette solitude terrible au sein de laquelle on se demande même si Dieu existe, souvenez-vous que vous êtes sur votre cheval, le corps physique, comme un Parsifal, un chevalier muni de sa lance -sa volonté- et de son bouclier -son aura. Alors vous marcherez en sachant que ce sera peut-être long et qu’au cours de ce voyage vous souffrirez, mais que les Amis vous attendent … et quels Amis sublimes !
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Nouvelle Lumière, nouvelles méthodes, (éd. L’École divine, 1958), chap. IX