Amour et Sexualité

Toi qui cherches le bonheur, où penses-tu le trouver : dans le plaisir sexuel ? dans l’émotion amoureuse ? dans le partage et la réciprocité ? dans les richesses que donnera ton âme à une autre âme ?… Ou, plus vaste encore…

Éclairer.

 

Pour un enseignement spirituel, concernant l’amour et la sexualité l’important est d’éclairer. Non de légiférer, décréter, interdire, brimer ; ni d’informer sur des processus et des techniques ; ni d’inciter à tout expérimenter pour avoir le plus de plaisir possible.

 

Éclairer, cela implique de transmettre une sagesse préalable, millénaire, une connaissance de la structure de la nature humaine, mais aussi de connaître l’immense diversité des êtres humains. Cela implique une compréhension, une sympathie qui se manifeste comme impartialité et respect pour chaque personne là où elle en est. Si on veut le bonheur et la liberté des êtres, on ne peut pas établir/imposer une règle de conduite générale en matière de sexualité. Chacun est à un stade d’évolution qui lui est personnel. Cependant une spiritualité peut éclairer la route.

 

Car il y a une route à prendre, un chemin d’évolution. Il n’est pas question de stagner, de croire qu’on sait tout sur cet immense domaine, l’amour et la sexualité, et qu’on se conduit déjà d’une façon parfaite. Il y a toujours à progresser dans ses conceptions et ses comportements. Il existe une voie qui mène de l’esclavage du désir de jouissance égocentrique vers le respect conscient et émerveillé de la personne aimée. Et ensuite, de l’émerveillement au don d’une lumière, ce qui est un stade ultérieur à découvrir.

 

Pour le présent, à l’heure où l’industrie et le commerce des pratiques érotiques et pornographiques s’emparent de l’opinion et se banalisent jusque dans les sphères officielles, jusque dans les directives scolaires, il importe de rappeler que le sentiment d’amour est la source sacrée de la sexualité.

 

Si inventive, ludique ou sophistiquée soit-elle, la sexualité pratiquée sans amour sera ressentie tôt ou tard comme un appauvrissement, une misère individuelle et une catastrophe sociétale. Car Vénus triviale entraîne Mars brutal. Pourquoi les statistiques de police relèvent-elles de plus en plus de violences sexuelles, de coups, de meurtres, de viols de femmes et pire, d’enfants ?… Si la sexualité n’est pas apprivoisée, éduquée, maîtrisée, adoucie, c’est toujours les plus faibles qui seront les victimes. Quant aux plus forts, ils seront victimes d’une autre façon. Tout le monde victime, est-ce un idéal enviable pour une société ?

 

Éclairer, éclairer…

6 - Par-delà le plaisir

À la question que se sont posée des générations de fidèles dans certaines religions : L’amour sexuel, c’est bien ou c’est mal ?, la sagesse bienveillante d’un enseignement ésotérique répond avec simplicité :

Il n’y a aucun mal à chercher l’amour dans le plan physique, à condition de prendre l’amour physique seulement comme un point de départ pour trouver le véritable amour plus haut, de plus en plus haut.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, O.C., tome XIV, chap. XVII

« Plus haut » cela veut dire : dans des expressions de plus en plus délicates, des échanges de plus en plus subtils.

Dans leur façon de s’aimer, la plupart des gens sont habitués à ne contenter que leur corps. L’âme et l’esprit ? ils s’en moquent. Tout est pour le corps : ils l’admirent, ils le caressent, ils lui parlent, ils l’embrassent, ils font des choses invraisemblables avec lui pour goûter le plus de plaisir possible. Que l’âme et l’esprit soient ensuite dans les ténèbres et les tourments, ça leur est bien égal.
Je n’ai jamais dit qu’on ne doit pas se donner beaucoup d’amour. Si, il faut se donner beaucoup d’amour, mais à un niveau plus élevé, au lieu de se rencontrer seulement dans le corps, de s’exciter, se satisfaire et ensuite ronfler. On n’est pas conscient de l’importance de l’acte sexuel, on est pressé, pressé de s’enfoncer dans des marécages, on ne prend pas le temps de réfléchir.
O.C., tome XV, ch. IV « Le but de l’amour : la lumière »
Que cherchent les amoureux chez la femme ou l’homme qu’ils aiment ? Est-ce le visage, la poitrine, les jambes, les bras, les yeux ? Non, ce sont là de simples moyens d’expression de l’amour. Ce qu’ils cherchent, c’est l’amour lui-même. D’ailleurs il arrive qu’ils cessent d’aimer telle personne, et pourtant elle a toujours les mêmes bras, les mêmes jambes, la même poitrine qu’avant… oui, mais ils vont chercher l’amour chez une autre. Cela prouve que ce n’est pas le corps physique que l’on recherche, mais à travers lui, l’amour c’est-à-dire cette plénitude, ce bonheur, cette joie, cette dilatation, cet élargissement de la conscience.
O.C., tome XV, chap. XIX, II

Par-delà le plaisir il y a donc un chemin ascensionnel vers l’Amour. Les amoureux sans le savoir sont à la recherche de quelque chose de merveilleux, d’indéfinissable :

Ce qu’on aime chez un être, c’est une quintessence, une vie, une émanation subtile…
O.C., tome XV, chap. XIX, II
Que cherche un homme chez une femme ? Quand on le voit agir, souvent bien sûr il semble ne chercher que des formes bien matérielles, « bien en chair » comme on dit. Mais pourquoi n’est-il jamais vraiment satisfait ? Parce qu’il ignore qu’en réalité il cherche une autre matière, fine et subtile, que la femme est seule à posséder et dont il a besoin. Seulement, le pauvre, il n’en trouve pas beaucoup, car lui-même ne sait pas ce qu’il cherche, et comme la femme n’a pas conscience de posséder cette quintessence si précieuse, elle ne fait rien pour travailler sur elle et la lui donner.
Quant à la femme, ce qu’elle cherche chez l’homme, c’est la force d’un esprit supérieur. Mais ce qu’elle trouve le plus souvent, c’est la force brutale, la violence, ou bien la faiblesse.
Aucun des deux ne sait apporter à l’autre ce dont il a besoin, c’est pourquoi ils restent insatisfaits. Oui, à travers leurs étreintes et leurs embrassements, les hommes et les femmes ne cherchent qu’une chose : la quintessence la plus pure du principe féminin et la force la plus pure du principe masculin.
Izvor n° 214, chap. VIII

L’amour apporte un lien harmonieux avec le monde des Principes éternels :

Si Dieu a créé les femmes et les hommes, ce n’est pas pour qu’ils se fuient. Ceux qui fuyaient la femme critiquaient les œuvres du Seigneur, comme s’ils savaient mieux que lui ce qu’il fallait ou ne fallait pas ! C’était de l’orgueil caché… oui, l’orgueil, l’ignorance, la stupidité… et ils se déséquilibraient.
La nouvelle éducation de l’humanité à l’amour doit commencer par le regard. Que les femmes regardent les hommes comme des manifestations du Père céleste, qu’elles les prennent comme point de départ pour aller vers le Père qui les a créés, qu’elles se demandent pourquoi il les a créés, ce qu’il a voulu donner aux femmes à travers eux. Il y a tellement de découvertes à faire ! Avec cette nouvelle façon de considérer les hommes, les femmes se sentiront inspirées et remplies de quelque chose de nouveau.
Quant aux hommes, ils doivent aussi prendre les femmes comme un point de départ pour aller jusqu’à la Mère divine, en se disant : « Qui est cette Mère divine qui a réussi à créer des magiciennes si adorables avec leur regard, leur sourire, leur voix ? » Voilà la meilleure méthode. Sinon, on doit ou fuir les femmes, ou se jeter sur elles, et les deux attitudes sont déplorables.
O.C., tome XV, chap. I, II

Gratitude !…

Et lorsque vous sentez que vous êtes arrivé à vous approcher ainsi de la Divinité, pour ne pas être personnel et égoïste déversez cette joie, ce bonheur, cette dilatation sur l’être qui vous a servi de point de départ pour aller plus haut. Inondez-le de lumière. Ainsi, vous ne pourrez pas vous reprocher de profiter des créatures pour votre seule évolution. Lorsque vous recevez une telle richesse d’en haut, pensez à la déverser sur la personne qui a pu vous amener jusque-là. À ce moment-là, tout est pur, tout est divin, tout est merveilleux.
O.C., tome XV, chap. I, II

Mystérieuse nourriture qui comble la faim de l’âme et la soif de l’esprit.

Un jour, vous arriverez à aimer votre compagnon ou compagne en pensant à lui ou à elle, à son avenir, à son bonheur, à sa beauté, à son élévation, à son succès, et pas seulement en cherchant à vous satisfaire à ses dépens. Une fois que vous aurez trouvé la source divine de l’amour, vous ne pourrez plus aimer comme avant : quand vous serez avec votre bien-aimé ou bien-aimée, votre femme, votre mari, il ne sortira de vous que des bénédictions, des courants, des rayons tellement bénéfiques, favorables, lumineux, que vous en serez vous-même stupéfait.
O.C., tome XV, chap. I, II
5 - Le sens du sacré
Changer sa façon de considérer les choses, c’est changer sa destinée.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, O.C., tome XV, chap. X, II

 

Puisqu’il est évident que les humains ne pourront jamais se débarrasser des organes sexuels ni du besoin de les utiliser, il faut changer de point de vue à leur sujet et comprendre que ce sont des organes sacrés, que l’on doit toujours considérer avec respect, émerveillement, en se liant au Créateur. Quel est l’homme ou la femme qui considère ces organes comme quelque chose de sacré, qu’il n’a pas le droit de profaner, mais d’utiliser seulement pour des raisons sublimes ?… Et pourtant, c’est la meilleure façon de comprendre, c’est ainsi qu’on avance et qu’on devient une divinité * : par le sentiment du sacré.
O.C., t. XV, chap. I, II

 

C’est la force sexuelle qui retient les humains sur la terre. […] Tous ceux qui ont voulu supprimer complètement cette force que Dieu leur a donnée, ne pensent qu’à mourir, à tout abandonner, car seule la force sexuelle peut vraiment les raccrocher à la vie, leur faire aimer la vie.
Si cette force circule en vous sans que vous lui laissiez faire des inondations et des ravages, si vous arrosez seulement toutes les fleurs divines en haut dans votre jardin divin, la vie devient pour vous tellement merveilleuse que vous ne voulez plus la quitter. Mais si vous supprimez cette force, l’existence perd son sens et vous voulez mourir. La force sexuelle, l’amour sont étroitement liés à la vie. Pour sentir vraiment la beauté de la vie, il faut que la force sexuelle circule harmonieusement. Les mystiques, les religieux qui l’ont supprimée ont commis la plus grande erreur.
O.C., t. XV, chap. VIII « Matérialisme, idéalisme et sexualité »

 

De plus en plus **, les gens perdent le sentiment du sacré, ils veulent tout démystifier, parce qu’il y a trop de mythes, paraît-il. Voilà leur travail. Et ils saccagent tout sans se rendre compte de ce qu’ils perdent. Car à ce moment-là la nature se ferme à eux, elle ne leur fait plus aucune révélation. La nature ne se découvre que devant les hommes, les femmes qui ont le sens du sacré. Si vous cultivez cette attitude de respect sacré, je peux vous prédire que vous aurez des révélations extraordinaires.
O.C., t. XV, chap. X, II

 

Lorsque deux êtres se rapprochent avec une conscience éveillée, avec le désir de donner à l’énergie sexuelle une destination divine, cet acte devient sacré. Car ce ne sont pas les gestes, les actes eux-mêmes qui sont purs ou impurs, coupables ou innocents, c’est le contenu, c’est le but, ce qu’il y a à ce moment précis dans la tête de l’homme et de la femme. De là dépend la qualité des énergies, des émanations, de toutes ces forces psychiques qu’ils projettent lorsqu’ils s’aiment.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Synopsis n° 2, VIII, 2, IV

 

* Dans l’enseignement du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov, « divin, divine, divinité » ne sont pas à entendre comme des absolus métaphysiques : ce sont, comme dans la langue bulgare, des équivalents de « grand, élevé, supérieur, sublime ». (Note des éditeurs)
** Conférence du 29 décembre 1970
4 - Dignité du corps

« Ma tâche, dit Omraam Mikhaël Aïvanhov, est de vous présenter aussi la sexualité à la lumière de la science initiatique. » C’est un sujet important aux yeux d’un maître spirituel. Les Églises ont souvent laissé ce sujet dans l’ombre ; la famille, l’école, la médecine le traitent avec plus ou moins de pudeur, de sincérité, d’impartialité. La psychanalyse au XXème siècle en a dévoilé les profondeurs utilement, parfois aussi dangereusement.

Les organes sexuels sont les racines de l’être, et si on en use à la légère, on peut abîmer l’être entier : les racines, tout dépend d’elles, tout vient d’elles. Ce sont ces racines-là qui déterminent l’ensemble d’une personnalité, qui donnent toutes les nuances d’un tempérament, d’un caractère.
Synopsis 2, VIII, 2, IV

La science initiatique accorde une valeur divine à la vie : les organes sexuels qui sont les transmetteurs de la vie sont considérés comme sacrés. Lorsqu’on souhaite étudier les dimensions spirituelles de l’existence, il est fondamental de considérer la sexualité avec justesse, sincérité, et avec respect.

Pourquoi n’est-ce pas le cerveau qui est capable de créer la vie ?… ni les poumons, ni le foie, ni l’estomac. Si seuls ces deux appareils masculin et féminin en sont capables, c’est qu’ils sont sacrés, ils sont divins. Pourquoi les bafouer toujours ? Quand on en parle, on se moque, on plaisante. Ou alors on fait semblant d’être indifférent… quelle hypocrisie ! Si on méprise tellement ces organes, alors il n’y a pas à s’en occuper. Mais puisqu’ils sont l’une des préoccupations essentielles de l’humanité, il faut avoir pour eux un sentiment sacré.
O.C. tome XV, chap. I « L’attitude sacrée », II

Notre compréhension du monde et même notre bonheur dépendent de l’opinion que nous avons sur les choses, les êtres, de quelle façon nous les considérons.

Il y a des années, un médecin est venu me voir, un vieil homme gros, ventru. Il s’est mis à me parler des femmes et savez-vous ce qu’il m’a dit ? « Les femmes, ce ne sont que… des vagins. » J’étais sidéré. Oui. Car dites-moi à quoi ça sert d’aller jusque-là ! Bien sûr, c’est vrai en partie que l’être humain est obligé d’avoir un corps physique, des organes appropriés à tel ou tel travail. Mais l’homme et la femme ne sont pas seulement ce qu’ils apparaissent physiquement, ce sont des êtres qui pensent, qui sentent. Quel bonheur, quelle joie peuvent avoir les hommes qui pensent que la femme n’est qu’un organe ? Toute leur vie psychique est gâchée !
O.C. tome VII, partie III
Certains puritains ou ascètes ont conseillé aux hommes de fuir la femme sous prétexte qu’elle est une incarnation du mal, une fille du diable. Mais comment voulez-vous que l’amour divin s’éveille en l’homme avec de pareilles idées sur la femme ! Il sera sans cesse abattu, dégoûté, écœuré. Pourquoi ne pas penser plutôt que, sous l’apparence de telle ou telle femme, est cachée la Divinité qui a pris sa forme – ou une princesse qui s’est déguisée ainsi ? Les gens ne savent pas vivre dans la beauté ! Ils ne se voient les uns les autres que comme des organes, des viscères, de la chair, rien d’autre. Ils n’aperçoivent pas la splendeur cachée au-delà. Qu’on nous montre maintenant la beauté, car seule la beauté nous sauvera et nous rendra heureux ! Nous avons un besoin absolu de beauté.
O.C., tome XV, chap. X, II

Et cette beauté dont parle le Maître Omraam, bien plus qu’une harmonie des formes, c’est la révélation d’un sens, d’un rayonnement, d’une présence divine cachée derrière la forme.

Le corps de l’homme ou de la femme est un résumé de l’univers. Le disciple, au lieu d’en user seulement pour son plaisir, doit apprendre comment le regarder, comment le respecter, comment s’émerveiller devant lui, et surtout le prendre comme un point de départ pour se lier au monde sublime en haut, et avancer ainsi sur le chemin de l’évolution.
À ce moment-là, il pourra découvrir tous les secrets de sa mère Nature, Isis. Devant ses efforts et sa bonne volonté, la grande déesse dira : « Cet être est attentif, il m’aime, il me respecte, il m’admire, je vais me montrer à lui. » Et la vérité se découvrira à lui. Car c’est cela, Isis : la vérité. La vérité se révèlera à son esprit dans sa nudité, c’est-à-dire telle qu’elle est en haut, et non en bas enfouie sous des voiles, des illusions… « maya ». Car la vérité se dévoile à celui-là seul qui sait se comporter correctement devant les mystères de l’amour.
O.C., tome XXI (éd. 1984), 14 nov
3 - Maîtriser, orienter l'instinct

Une civilisation digne de ce nom met en œuvre tous les meilleurs moyens pour discipliner, apprivoiser, maîtriser les comportements instinctifs, et donner aux forces brutes de la nature humaine des manifestations plus raffinées, plus épanouissantes.

 

Les primitifs se conduisaient en amour avec une violence, une brutalité, une sensualité indescriptibles. Avec le temps, avec l’éveil de la conscience, de la sensibilité, plus ou moins de nouveaux éléments se sont ajoutés : la tendresse, la finesse, la délicatesse.
Et pourtant, même aujourd’hui, dans bien des cas l’amour est resté une manifestation primitive. Cet amour passionnel, instinctif, qu’on a pratiqué pendant des millénaires s’est si profondément gravé dans l’être humain qu’il ne sait plus comment l’affiner, l’ennoblir, et souvent, aimer ressemble encore à un carnage. Les gens se jettent les uns sur les autres brutalement, sans préparation, sans esthétique, sans poésie. On a faim, eh bien on mange, on se régale, on est repu pour un temps, puis de nouveau on a faim et on se jette de nouveau sur la nourriture. Beaucoup de gens, même ceux qui appartiennent à une société soi-disant civilisée, pratiquent l’amour sans aucune poésie, aucune beauté, aucune harmonie.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Izvor n° 214, chap. V

Historiquement les religions, les courants spirituels ont joué un rôle civilisateur important, en mettant l’accent sur le respect d’autrui, en particulier sur une idéalisation dans le domaine de l’amour.

 

Dans les plus grands sanctuaires initiatiques du passé, dans les mystères, on enseignait que l’amour est la seule condition du véritable perfectionnement, de la véritable libération. Or trop souvent, on voit justement le contraire : dans leur façon de comprendre et de manifester l’amour, les humains s’avilissent, se limitent, et s’ils apprennent quelque chose, c’est l’enfer, les tourments, les jalousies, les révoltes… Car chacun ne pense qu’à soi-même et ne cherche qu’à se satisfaire, en se moquant complètement de ce que deviendra l’autre : on le déchire, on bouleverse sa vie, on saccage son avenir, sa beauté, son honneur ou sa situation, peu importe pourvu qu’on assouvisse sa faim !
Izvor n° 214, chap. V, II

Le ton sévère de cette analyse ne doit pas étonner. Un vrai maître spirituel est un pédagogue exigeant. Il est arrivé à un désintéressement qui lui permet de décrire sans complaisance les conduites humaines.
Mais son but est de proposer un chemin ascensionnel :

L’amour a des milliers de degrés, du plus grossier au plus subtil, et on peut gravir ces degrés. Par la pensée éveillée, par l’attention soutenue, par un contrôle intelligent, on peut faire un travail sur soi-même pour que cette énergie redevienne aussi limpide que la lumière du soleil et qu’elle agisse bénéfiquement partout où elle passera.
Izvor n° 214, chap. V

 

Donc, la question n’est pas de supprimer l’amour, de le comprimer, de le refouler, mais de trouver des méthodes, des moyens pour le manifester correctement. L’amour est une énergie qui vient de très haut, qui est de la même essence que le soleil, et l’être humain a la tâche de recevoir cette énergie et de la faire circuler en lui, pour la renvoyer ensuite vers le Ciel où elle a son origine.
[…] l’énergie de l’amour n’est pas seulement destinée au plaisir, elle peut servir à éveiller certaines facultés qui permettront de faire un travail psychique, spirituel, de la plus haute importance : les humains deviendront des conducteurs de cette force formidable qui transformera le monde, qui transmutera le plomb et la cendre en or, en pierres précieuses, en diamants. C’est par la force de l’amour que cette transformation se fera, pas par d’autres moyens.
Cherchez donc l’attitude, les pensées, les sentiments, les projets que vous devez avoir pour que cette énergie divine puisse être contrôlée et orientée. Le moment est venu de comprendre les mystères de l’amour dans la lumière, la paix, l’équilibre, la joie, l’émerveillement.
Izvor n° 205, chap. X « Ouvrir à l’amour un chemin vers le haut »
2 - Les deux principes
Il existe dans l’univers deux principes fondamentaux qui se reflètent dans toutes les manifestations de la nature et de la vie. Toute la création est l’œuvre de ces deux principes masculin et féminin. Pour être féconds, ces deux principes doivent obligatoirement travailler ensemble ; séparés ils sont improductifs. C’est pourquoi ils sont toujours à la recherche l’un de l’autre. Rien n’est plus essentiel pour un être que la rencontre de son principe complémentaire.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Izvor n° 214, chap. I

 

Toute manifestation, toute naissance est le produit du travail des deux principes : le principe émissif, principe masculin, projette, ensemence, donne le germe de la vie ; le principe réceptif, féminin, recueille, organise pour produire une œuvre achevée, parfaite.
O.M.A., Pensées Quotidiennes 2010, 14 juin

 

Quand la tradition initiatique parle des deux principes masculin et féminin, elle parle de deux énergies qui agissent dans le monde sous toutes sortes de formes : le plein qui se projette et se donne ; le vide qui reçoit ce don et le fait fructifier. L’expression ne désigne pas spécifiquement des hommes et des femmes, des personnes dans leurs attributions sociales, familiales, conjugales, domestiques, mais dans leur fonction archétypale, qui implique leur complémentarité.

 

On peut trouver les deux principes partout dans l’univers, dans la nature, les montagnes, les étoiles… dans notre corps physique, la circulation, la respiration… et même jusque dans les arts, les techniques, partout où un élément pénètre dans un autre pour le remplir.
O.C., tome XV, chap. II

 

Les religions ont souligné cette dimension cosmique de l’union des deux principes :

Il est dit dans la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Le ciel et la terre sont deux symboles qu’il faut interpréter, ainsi que les relations qui existent entre eux : ce sont les symboles des deux principes émissif et réceptif, masculin et féminin. Ces deux principes s’unissent et de cette union naissent des enfants. Tout ce que vous voyez, et même tout ce que vous ne voyez pas, est une création des deux principes. Tout ce qui est produit sur la terre est un enfant de cette union de la terre et du ciel.
Izvor n° 216, chap. IV, III
Le travail de création est donc réparti entre les deux principes et il ne faut ni surestimer ni sous-estimer l’importance de l’un ou de l’autre. Lequel est le plus nécessaire, le plus important, ce n’est pas ainsi que la question doit être posée. Tous les deux sont aussi importants, aussi indispensables, mais dans deux domaines différents. Le principe masculin envoie des ondes ou des forces, mais cela ne servirait à rien s’il n’y avait pas l’autre principe féminin qui répond, qui reçoit et qui travaille sur ce qu’il a reçu.
C’est grâce au travail des deux principes que la vie est possible. Même là où nous ne les voyons pas, même dans notre corps physique ils travaillent ensemble. C’est quand l’un domine au détriment de l’autre que commencent les anomalies, les déséquilibres. La science des deux principes est la science de l’équilibre cosmique.
Pensées Quotidiennes 2010, 14 juin

 

On entend donc par « masculin » tout rôle émissif, et par « féminin » tout rôle réceptif. Loin d’être attribuées une fois pour toutes, ces deux fonctions se relaient et jouent avec une grande souplesse jusque dans la vie quotidienne. Les polarités peuvent ou doivent même devenir interchangeables dans l’action pour qu’un bon travail se fasse.

Lorsque vous prenez un seau pour aller vers une source, une fontaine, que faites-vous ? Vous jouez le rôle du principe masculin : vous vous déplacez, vous marchez, tandis que la fontaine, elle, reste immobile. Mais une fois arrivé auprès d’elle, si vous ne changez pas de polarité, vous ne pourrez pas remplir votre seau ; donc pour un moment vous vous identifiez au principe féminin, vous devenez réceptif et le seau est rempli. La fontaine, qui est féminine par son immobilité, est masculine par son eau qui coule. Et vous, d’abord masculin parce que vous vous déplacez, comme vous portez avec vous votre seau à remplir, vous êtes aussi un principe féminin : l’eau coule, elle remplit votre seau et vous repartez satisfait.
O.C., tome XIV, L’amour et la sexualité, chap. XV

De même, à chaque étape d’un dialogue entre deux personnes :

Celui qui parle devient le père, celui qui écoute devient la mère, et il naît des enfants ! Lorsqu’une femme parle à son mari, elle prend la polarité masculine, le mari qui l’écoute prend la polarité féminine, et il naît « des enfants », c’est-à-dire des sentiments, des émotions, des pensées, des décisions et des actes.
Izvor n° 216 Les secrets du livre de la nature, chap. IV, II

 

Et pour revenir à une plus vaste échelle, celle du soleil et de la terre :

À l’image de la Source divine, le soleil est aussi une source tellement immense, tellement généreuse ! Regardez, toute la création en bénéficie, car c’est lui qui, par son amour, projette la vie dans les herbes, les plantes, les arbres : ils sont continuellement exposés à sa lumière, et c’est d’eux ensuite que nous recevons notre vie.
O.C., tome XV, chap. III

Ainsi, tout fruit, toute fructification, toute existence et même toute œuvre, est l’enfant d’un pôle émissif, source d’énergie, et d’un pôle réceptif qui accueille cette énergie, la forme et la façonne.

1 - L'énergie sexuelle...
Tout ce qui se manifeste comme énergie à travers l’être humain est à l’origine une énergie divine. Et cette énergie produit des effets différents selon le conducteur à travers lequel elle se manifeste. On peut la comparer à l’électricité. L’électricité est une énergie dont on ignore la nature, mais lorsqu’elle passe à travers une lampe elle devient lumière, bien qu’elle ne soit pas de la lumière ; en passant par un réchaud elle devient chaleur ; par un ventilateur, elle devient mouvement, etc.
De même, il existe une force cosmique originelle qui prend tel ou tel aspect suivant l’organe au travers duquel elle se manifeste : à travers le cerveau, elle devient intelligence, raisonnement ; à travers le plexus solaire ou le centre hara, elle devient sensation, sentiment ; quand elle passe par le système musculaire, elle devient mouvement ; et quand elle passe par les organes génitaux, elle devient attraction sexuelle. Mais c’est toujours la même énergie.
L’énergie sexuelle vient donc de très haut. En passant par les organes génitaux, elle produit des sensations, une excitation, un désir de rapprochement, et il se peut que dans ces manifestations il n’y ait absolument aucun amour. C’est ainsi chez les animaux : à certaines périodes de l’année ils s’accouplent, mais le font-ils par amour ? Non, c’est de la pure sexualité.
L’amour commence quand cette énergie dans l’être humain touche en même temps d’autres centres : le cœur, l’intelligence, l’âme et l’esprit. À ce moment-là, cette attraction, ce désir de se rapprocher de quelqu’un est éclairé, illuminé par des pensées, des sentiments, un goût esthétique ; on ne recherche plus une satisfaction égoïste où l’on ne tient absolument aucun compte de l’autre.
Omraam Mikhaël Aïvanhov, Izvor n° 205, La force sexuelle ou le Dragon ailé, chap. II, I

 

La sexualité est un domaine très riche, très vaste. On peut l’étudier, et on l’a étudié de multiples points de vue : organique, physiologique, psychologique, social, moral, religieux. Mais ce que l’on ne connaît pas encore, c’est le point de vue initiatique, car il n’a pour ainsi dire pas été révélé.
J’ai entendu parler de certaines expériences faites par des chercheurs et des médecins. Afin d’étudier les phénomènes physiologiques qui se produisent pendant l’union sexuelle, ils appliquent des électrodes sur diverses parties du corps de deux volontaires, un homme et une femme. […]
Même si un jour les scientifiques connaissent toutes les réactions physiologiques dans les moindres détails, ils ne sauront encore rien de l’amour tant qu’ils n’auront pas étudié ce qui se passe au niveau des radiations, des émanations, des projections éthériques, fluidiques, subtiles. D’ailleurs, ils ne soupçonnent même pas qu’il existe des phénomènes de cette espèce. Et moi, c’est ce côté-là de l’être humain qui m’intéresse, car c’est le plus important.
Izvor n° 214, Le Masculin et le Féminin, fondements de la création, chap. VII

 

On est souvent venu me demander s’il est préférable de vivre dans la chasteté ou d’avoir des relations sexuelles. En réalité, ce n’est pas ainsi qu’on doit poser la question. Il est impossible de dire d’une façon générale ce qui est bon ou ce qui est mauvais : tout dépend de la personne. Vivre dans la chasteté, la continence, peut donner de très mauvais résultats, mais aussi de très bons. La continence peut rendre les uns hystériques, névrosés, malades, et d’autres, forts, équilibrés et bien portants. Donner libre cours à l’instinct sexuel peut faire beaucoup de bien aux uns et beaucoup de mal à d’autres. On ne doit donc pas classer les choses en disant : « Ça c’est bon, ça c’est mauvais ».
Le bon et le mauvais dépendent d’un autre facteur : comment on utilise les forces, comment on les dirige. Rien en soi n’est ni bon ni mauvais, tout devient bon ou mauvais. La question, c’est de savoir d’abord quel est votre idéal, ce que vous voulez devenir.
Izvor n° 205, chap. IX

 

Je n’ai jamais nié qu’il y ait de bonnes choses dans l’amour physique. Puisque l’Intelligence cosmique a fait les choses ainsi, ce n’est pas à moi maintenant de la critiquer. Non, mais l’Intelligence cosmique a aussi prévu une évolution pour l’humanité, et dans tous les domaines. De plus en plus on s’indigne à notre époque contre certaines manifestations de violence et de cruauté qu’on trouvait normales il y a quelques siècles : maintenant on les déclare indignes de l’homme, « inhumaines ». Alors pourquoi n’y aurait-il pas aussi une évolution dans le domaine de l’amour ?
Izvor n° 205, chap. VIII

 

En ce qui concerne la sexualité, il y a de nombreux détails dans les livres de médecine, d’hygiène ou d’éducation sexuelle ; il existe toute une littérature, que je n’ai jamais parcourue, d’abord parce que je n’ai pas le temps, mais surtout parce que cela ne m’intéresse pas d’entendre parler de l’acte sexuel exclusivement du point de vue anatomique, physiologique ou « technique » si vous voulez. On trouve tout dans ces livres-là, sauf ce que je vous révèle, c’est-à-dire le côté spirituel de cet acte.
Car l’amour n’est pas un amusement, c’est un travail gigantesque, splendide, de reconstruction, de réédification, de résurrection, de divinisation.
Izvor n° 214, chap. VII